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The Wicked & the Divine #4-5

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(voir #1-3)

Tous ces 5 premiers numéros n'étaient donc qu'un prologue. Je ne dévoilerai pas la fin de ce numéro 5 mais il y a une rupture suffisante pour qu'on se demande à quoi servaient ces environs 150 premières pages à part introduire l'univers et ce personnage de Laura, fan-néophyte des XII Nouvelles Idoles.

Laura était décrite comme une fan des dieux-popstars en général, notamment Amateratsu (déesse japonaise du Soleil) mais elle mentionne qu'elle suivait aussi Inana (déesse sumérienne de la Fertilité et de la Mort, qui, si j'ai bien compris, s'est incarnée en homme) et Woden (qui doit être Óðinn, mais incarné en un double de Daft Punk qui s'entourere de Valkyries). Mais on comprend qu'elle va occuper un rôle bien plus fondamental que celui de simple fan désirant émuler les dieux.

Un des charmes des dessins de Jamie McKelvie est, que lorsque je le regarde sur Comixology case à case, j'ai presque l'impression d'un dessin animé. Les transitions sont construites avec subtilité pour créer une dynamique et je ne suis pas sûr que je l'aurais autant remarqué sans cet outil technique pour découper les images.

Immersion et les cinq sens

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Depuis que M.A.R. Barker a dit que pendant ses parties d'Empire du Trône du Pétale il faisait boire du Chumetlà ses joueurs pour accroître le dépaysement, j'ai envie de tenter l'expérience - mais j'ai un peu peur que cela tourne au ridicule, voire pire au sectaire (surtout que mes tentatives sur d'autres sens, avec de la musique, ont le plus souvent été ratées car elles me semblaient plutôt casser l'ambiance et nous rappeler encore plus la distance entre les gadgets et l'imagination).

Par exemple, un des problèmes les plus fondamentaux dans Skyrealms of Jorune est justement l'alimentation. Il est difficile de trouver des éléments comestibles agréables. Et pour aider à une immersion dans le "durlig" (la seule plante nutritive que les Humains aient réussi à faire pousser sur Jorune), je me disais qu'on pourrait se contraindre à manger quelques plantes amères (comme des endives - que je déteste - ou du raifort) en cours de partie à la place des chips ou de gâteaux. L'ennui est que cela aurait l'effet inverse de celui du Chumetl (qui doit être assez agréable) et pourrait même finir par donner de mauvaises associations à tout le contexte.

Un autre risque est que cela fait penser plus à un rituel qu'à un jeu de rôle, plus au maror du Séder par exemple.

Il y a une place du rituel dans le jeu de rôle (et une des idées géniales de Greg Stafford avec Glorantha était d'avoir en un sens accompli le processus inverse en changeant les rituels pratiqués par les personnages en une sorte de mise en abyme du jeu de rôle). Mais cela pourrait nuire à ce que les rôlistes appellent le "contrat social" autour de la table et dépasser la zone de confort de certains joueurs (je trouverais de très mauvais goût de manger du boudin à Vampire...).

Les récurrences oubliées

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Je tombe par hasard sur cela (rendu incompréhensible parce qu'ImageShack a détruit les illustrations) mais j'avais complètement oublié qu'en 2005, Patrick Modiano était le scénariste de mon vieux webcomic (qui doit lui aussi être détruit avec Imageshack) avec des manchots. Je ne comprends d'ailleurs plus aucun des gags à répétition, ce qui prouve la qualité de notre Nobel commun.

Le bilan judiciaire d'Obama

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Obama est officiellement Président des USA pendant encore deux ans, jusqu'en janvier 2017 mais les Républicains vont encore accroître leur domination sur le législatif dès ce mois de novembre 2014 et la phase du "Canard Boiteux" (Lame Duck) commence à la fin du second mandat, les bilans de la Présidence Obama se multiplient, avec surtout une "révolution" sociale qui aura été l'extension des soins médicaux à plus de non-assurés (même si la réforme A.C.A. dite "ObamaCare" est aussi une confirmation de la voie américaine des assurances privées), souvent bons pour la politique économique américaine mais nettement plus mitigés sur la politique étrangère (avec l'effondrement de l'état irakien et les développements de nouveaux mouvements terroristes), voire médiocres sur certaines libertés comme les droits à la vie privée ou sur la lutte judiciaire contre les tortures autorisées préalablement.

Quand on parle du bilan sur le pouvoir judiciaire, on se concentre d'habitude sur la Cour Suprême.



Et là, le bilan ne sera guère qu'une continuation du statu quo. Deux Juges sont partis, tous les deux plutôt "de gauche" au sens américain (l'antique John Paul Stevens, nommé sous Ford, et le surprenant David Souter qui avait été pourtant nommé par Bush Père) et Obama les a remplacés par deux Juges femmes et assez jeunes pour qu'elles puissent durer. On peut regretter que Ruth Ginsburg (81 ans) n'en ait pas profité elle aussi pour prendre sa retraite. Breyer a 76 ans mais cela risquait peut-être de se voir si les quatre juges de gauche partaient tous en même temps sous le même mandat (et on n'ose plus penser que Scalia ou Kennedy ne meurent avant novembre 2016).

La composition par âge est aujourd'hui la suivante :

Ruth Ginsburg (née en 1933)
Antonin Scalia (né en 1936)
Anthony Kennedy (né en 1936)
Stephen Breyer (né en 1938)
Clarence Thomas (né en 1948)
Samuel Alito (né en 1950)
Sonia Sotomayor (née en 1954)
John Roberts (né en 1955)
Elena Kagan (née en 1960)

(en bleu, les plus pro-démocrates, en rouge les pro-républicains)
En moyenne, un Juge tend à rester entre 20 et 30 ans de nos jours. Ce qui veut dire que le jeune John Roberts (59 ans seulement), nommé en 2005 par Bush fils, risque d'être encore le Président de la Cour suprême pendant les élections de 2032 dans 18 ans, quand il aura 78 ans...

Mais l'article montre que le vrai changement durable a été dans d'autres niveaux des Cours fédérales :

Obama has had two hundred and eighty judges confirmed, which represents about a third of the federal judiciary. Two of his choices, Sonia Sotomayor and Elena Kagan, were nominated to the Supreme Court; fifty-three were named to the circuit courts of appeals, two hundred and twenty-three to the district courts, and two to the Court of International Trade. When Obama took office, Republican appointees controlled ten of the thirteen circuit courts of appeals; Democratic appointees now constitute a majority in nine circuits. 
Il y a environ 94 districts dans les 50 Etats plus les Territoires, mais seulement 11 cours d'appel (cela fait 13 en comptant le District of Columbia et une Cour fédérale) : 1 Boston (Nouvelle Angleterre et Puerto Rico), 2 New York City (New York, Vermont, Connecticut), 3 Philadelphie (New Jersey, Delaware, Pennsylvanie, Îles Vierges), 4 Richmond (Maryland, les deux Caroline, les deux Virginie), 5 Nouvelle Orléans (Louisiane, Mississippi, Texas), 6 Cincinnati (Kentucky, Michigan, Ohio, Tennessee), 7 Chicago (Illinois, Indiana, Wisconsin), 8 Saint Louis (Arkansas, Iowa, Minnesota, Missouri, les Dakotas), 9 San Francisco (Alaska, Arizona, Californie, Hawaii, Indiana, Montana, Nevada, Oregon, plus Guam), 10 Denver (Colorado, Kansas, Nouveau Mexique, Oklahoma, Utah, Wyoming), 11 Atlanta (Alabama, Floride, Georgie). Les Juges nommés par les Démocrates sont majoritaires dans les 1e, 2e, 3e, 4e, 9e, 10e (de peu), 11e, plus la Cour de DC et la Cour fédérale, et les Républicains sont largement majoritaires dans les 5e, 6e, 7e, 8e Cour.

Les changements récents sur le mariage homosexuel sont en partie un effet de ces nominations (même si Obama a plus suivi ces réformes sociétales qu'il ne les a devancées).

Utopiales XV (29 octobre-2 novembre 2014)

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Les Utopiales de Nantes ont lieu au Palais des Congrès et ils mènent de front des conférences, des projections de film (avec un festival du cinéma) et un "pôle ludique" avec des parties de jeux de plateau et de jeux de rôle. Voilà le Palmarès 2014 (qui comptait même un prix du meilleur scénario de jeu de rôle).

Le Président actuel est l'astrophysicien et amateur de SF Roland Lehoucq mais il y a à présent de plus en plus d'universitaires spécialistes de SF en plus des auteurs. Le thème était "Intelligences" et il y a eu donc plusieurs petits exposés ou discussions sur l'IA ou sur le thème de la compréhension d'Autres intelligences. (Certaines conférences ont été mises sur cette chaîne YouTube).

J'ai hélas raté mon idole Michael Moorcock mais j'ai assisté à quelques conférences, dont un retour sur l'oeuvre d'éditeur ("Ailleurs et Demain" et la Grande Anthologie de la Science-Fiction) et d'auteur de Gérard Klein ("Gilles d'Argyre"). Il dit que la science-fiction est à présent plutôt en crise éditoriale en France et pense que la désillusion face à l'avenir et face à la science expliquerait le déclin des ventes de science-fiction. Il faisait aussi l'hypothèse que les Indiens et Chinois auraient (ou avaient peut-être déjà) assez d'ingénieurs plus optimistes ou plus favorisés que les nôtres pour supposer un nouvel Âge d'or de la SF mais en Asie.

J'ai acheté la somme de Simon Bréan, La science-fiction en France (Presses Universitaires de Paris Sorbonne, 2012), et je me rends compte à quel point je ne connais quasiment pas les auteurs étudiés comme Francis Carsac, Stefan Wul, Philippe Curval, Pierre Pelot ou Jean-Pierre Andrevon. En un sens, le livre raconte aussi à quel point de nombreuses collections françaises (en dehors des livres du Fleuve Noir) faisaient le choix de ne publier quasiment que des traductions (Ailleurs & Demain a 70% d'Anglo-saxon, Présence du Futur encore plus). Le début est surtout une description des différents éditeurs ou collections au fil du temps mais il résume ensuite aussi des thèmes et des séries françaises et on perçoit quelques tendances à chaque période qui ne se réduisent pas à l'imitation des oeuvres anglo-américaines. Mais la SF française (ou même francophone) restera sans doute longtemps très marginale par rapport à ce qui existe en anglais, alors qu'il n'y a pas du tout la même impression de "marge" dans la bande-dessinée par exemple. Il n'est pas absurde d'imaginer que Gérard Klein soit le plus grand auteur français de SF vivant et on n'imagine pas comparer son oeuvre à celles des grands maîtres qu'il éditait en France.

Plusieurs librairies de Nantes se réunissent pour créer la "Librairie éphémère" qui est une collection impressionnante de science-fiction. J'y ai acheté un peu de SF québecoise que j'ai du mal à trouver en France (à part chez Scylla).

Les Âges du Monde

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David Dunham, le créateur du jeu informatique King of Dragon Pass annonce un nouveau jeu stratégique narratif qui se situera aussi sur Glorantha pour 2016 : Six Ages. Robin Laws, le créateur de Heroquest, y participera. 

(En passant, les Malkioni ont l'air plutôt inspirés par les Gnostiques dans leur théorie des éons qui émanent de Dieu (avec un peu de pythagorisme mélangé) mais il y a peut-être aussi une influence plus récente de Schelling, qui avait tenté vers 1810-1827 un travail qui aurait dû s'appeler "philosophie des Âges du monde", qui devait décrire une sorte de "sortie" du Monde hors de l'Absolu ("l'Iliade de l'exil et l'Odyssée du retour") pour tenter de concilier à la fois la transcendance divine et la liberté des créatures ?)

Le jeu et le sublime

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Une jolie description du jeu de rôle en passant sur le blog de Zak :
 the potentia is always there, never quite dwindling into clarity because theme, or unity, or even meaning, implies an ending--and an ending is a limit. And the power of it is equal to the ability to suspend you in its limitlessness.

You are (and--when it's very good--can feel yourself-) standing continuously and absolutely genuinely on the brink of what art can only fake: the infinite.

Vieillir

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(via Claudine Tiercelin - qui précise que l'âge en question commence après 49 ans chez Aristote, cette description du type de caractère du Vieux dans sa Rhétorique, II, 13, on pense qu'Aristote a sans doute la cinquantaine, voire la soixantaine quand il le rédige vers 330-325)

 "[1389b]...Les vieux, ceux qui ont dépassé la maturité, ont des traits de caractère qui pratiquement tous peuvent se déduire de l'inversion des précédents (i.e. des jeunes, voir chap 12): comme ils ont [15] vécu un grand nombre d'années, qu'ils ont été trompés davantage et ont commis plus de fautes que les jeunes, et comme la majorité des affaires humaines vont mal, non seulement ils n'affirment rien catégoriquement mais se prononcent avec excessivement moins d'assurance qu'il ne faudrait. Ils "croient", mais ne "savent" rien. Dans leur hésitation, ils ajoutent toujours "peut-être", "sans doute" et énoncent tout sous cette forme, et jamais rien catégoriquement.

[20] Ils sont aigris, car l'aigreur consiste à toujours voir le mauvais côté des choses. Ils sont soupçonneux, par manque de confiance, et s'ils manquent de confiance, c'est par expérience. Voilà pourquoi ils n'aiment ni ne haïssent franchement, mais - selon le conseil de Bias - aiment comme s'ils devaient haïr un jour et haïssent comme s'ils devaient aimer un jour.

Ils ont l'âme petite, [25] parce qu'ils ont été humiliés par la vie. Ils ne désirent rien de grand ni d'extraordinaire, mais juste ce qui sert à vivre. Ils sont pingres, car si avoir du bien fait partie des nécessités, ils savent d'expérience qu'il est difficile de l'acquérir et facile de le perdre. Ils sont lâches et s'effraient de tout à l'avance, [30] car leurs dispositions sont à l'opposé de celles des jeunes: ils sont refroidis, tandis que les jeunes sont chauds, aussi la vieillesse est-elle ce qui prépare le terrain à la lâcheté, car la peur est une source de refroidissement.

Ils aiment la vie, et cela plus encore au dernier jour, parce que le désir est désir de ce qui n'est pas là et que ce dont on est privé, c'est ce qu'on [35] désire le plus. Ils sont égoïstes plus qu'il ne le faut : c'est là aussi de la petitesse d'âme. Ils vivent en se réglant sur l'intérêt et non sur le beau, et cela plus qu'il ne le faut, en raison de leur égoïsme [1390a] car l'utile est un bien pour soi, tandis que le beau est un bien dans l'absolu. Ils sont plus éhontés qu'accessibles à la honte.

En effet, comme ils ne se soucient pas tant du beau que de l'utile, ils dédaignent l'opinion qu'on a d'eux. Ils sont peu enclins à espérer, par expérience d'une part (car la plupart des [5] choses qui arrivent dans la vie sont mauvaises: en tout cas, elles tournent généralement mal), et aussi par lâcheté.

Ils vivent de mémoire plutôt que d'espérance, car ce qui leur reste à vivre est court et leur passé abondant, or l'espérance porte sur le futur et la mémoire sur le passé; c'est là précisément la cause de leur [10] bavardage : ils passent leur temps à évoquer le passé, prenant du plaisir à se ressouvenir.

Leurs emportements sont vifs, mais sans force. Quant aux désirs, les uns les ont désertés, les autres se sont affaiblis, de sorte qu'ils ne sont ni enclins à désirer, ni portés à régler leur actions sur leurs désirs. Ils se règlent plutôt sur le profit.

Aussi les gens de cet âge [15] paraissent-ils doués pour la tempérance : c'est que les désirs les ont abandonnés et qu'en même temps, ils sont esclaves du profit. Ils vivent davantage en fonction du calcul que de la moralité, car le calcul vise l'intérêt tandis que la moralité vise la vertu. Quant aux injustices, ils les commettent par méchanceté et non par démesure.

Les vieux sont eux aussi accessibles à la pitié, mais [20] ce n'est pas pour les mêmes raisons que les jeunes: chez ces derniers, c'est par amour de l'humanité, chez les vieux, c'est par faiblesse. Car ils se croient près de subir tous les malheurs, ce qui est, disions-nous, propice à la pitié.

De là vient qu'ils sont geignards, mais ni badins ni rieurs. Car la tendance à gémir est opposée au goût du rire."
    Aristote, Rhétorique, Livre II, chap. 13, traduction Pierre Chiron, Nouvelle édition Flammarion, Aristote Oeuvres Complètes, 2014, p. 2684-2685.

Add.Résolutions de Swift en 1699 (quand il avait 32 ans) sur son vieil âge.

When I come to be old. 1699.

Not to marry a young Woman. 
Not to keep young Company unless they reely desire it. 
Not to be peevish or morose, or suspicious. 
Not to scorn present Ways, or Wits, or Fashions, or Men, or War, &c. 
Not to be fond of Children, or let them come near me hardly
Not to tell the same story over and over to the same People. 
Not to be covetous. 
Not to neglect decency, or cleenlyness, for fear of falling into Nastyness. 
Not to be over severe with young People, but give Allowances for their youthfull follyes and weaknesses. 
Not to be influenced by, or give ear to knavish tatling servants, or others.
Not to be too free of advise, nor trouble any but those that desire it. 
To desire some good Friends to inform me wch of these Resolutions I break, or neglect, and wherein; and reform accordingly. 
Not to talk much, nor of my self. 
Not to boast of my former beauty, or strength, or favor with Ladyes, &c. 
Not to hearken to Flatteryes, nor conceive I can be beloved by a young woman, et eos qui hereditatem captant, odisse ac vitare. 
Not to be positive or opiniative. 
Not to sett up for observing all these Rules; for fear I should observe none.

Pourquoi le clivage entre DC et Marvel tend à ne pas se résorber

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J'ai entendu aux Utopiales un fan de Marvel dire dans une conférence que "Marvel était de gauche - du moins au sens américain, et DC de droite", mais je n'ai pas voulu relever. On n'est pas tous d'accord sur les jugements de valeur mais tous les fans de comics font comme s'il était évident ou normal que les deux univers de comics principaux soient vraiment différents dans leurs "philosophies" alors que les deux éditeurs tentent souvent de s'imiter et que les mêmes auteurs travaillent souvent successivement voire simultanément pour les deux. Pourtant, il y a une "dépendance au sentier" : malgré leurs ressemblances et même malgré toutes les influences mutuelles ou les tentatives de se plagier, il est vrai que DC et Marvel ont maintenu des traditions et identités assez distinctes, au point qu'on a même en ce moment encore plus de divergences stylistiques entre les deux éditeurs.

Âge d'Or

Je ne parlerai pas tellement des origines dans les années 1940. C'est DC (ou National Periodicals) qui a créé le genre du superhéros, avec Superman et ensuite avec la première équipe, la Justice Society of America. Marvel (ou plus exactement son ancêtre Timely) avait à l'époque des personnages moins connus mais avait déjà une légère singularité avec plus d'anti-héros (le Submariner) et plus de conflits entre héros (en fait, je n'en vois pas d'exemples dans l'Âge dor de DC).

Âge d'Argent

A l'Âge d'Argent, contrairement à ce qu'on pourrait croire en étant concentré sur le succès critique de Marvel, DC battait encore Marvel dans les ventes (ce qui explique d'ailleurs leur nonchalance face à Marvel et le fait qu'ils mirent au moins une douzaine d'années avant de commencer vraiment à s'inspirer des succès de Marvel).

DC visait explicitement (et parfois avec une certaine condescendance) un public bien plus enfantin et ne cherchait d'ailleurs pas vraiment à se renouveler comme ils estimaient que leur lectorat changeait périodiquement à chaque fois que les enfants grandissaient et abandonnaient les comics (cela explique certaines histoires qui se répétaient à l'identique - DC pensait que les lecteurs ne s'en rendraient pas compte et s'autoplagiait). En un sens, c'est l'exact inverse d'aujourd'hui où ils se disent qu'ils n'arriveront pas à attirer de nouveaux lecteurs et qu'il faut donc plutôt tenter de fidéliser les lecteurs âgés et nostalgiques.

Mais si c'est DC qui créa l'Âge d'Argent, c'est Marvel qui fut plus révolutionnaire. On ne pourrait pas parler de littérature adultes mais quand même de littérature plus "adolescente" ou moins enfantine que DC. Marvel réussit pour un temps à se donner une apparence bien plus "cool" que le ringard DC.

Pourtant, l'image de "gauche" dont on parle en France est excessive. Dans les années 1960, les comics Marvel sont plus "politisés" au sens où la politique est mentionnée comme un arrière-fond, mais toujours avec une certaine prudence (sauf à la rigueur sur la question des Droits civiques où il y a certes quelques passages assez courageux). DC de l'époque ne parle pas directement de politique (en dehors d'une certaine révérence envers JFK et de quelques histoires isolées qui se moquent un peu des hippies avec plus de distance que chez Marvel).

L'orateur disait "Captain America n'est pas allé au Vietnam". Certes, mais Iron Man y est allé souvent. C'est surtout avec le scénariste Steve Englehart et le Président Nixon que Captain America va devenir assez à gauche. La Marvel des années 1960 n'était pas aussi franche.

Un des exemples de "convergence" ou évolution parallèle est la célèbre coïncidence où l'équipe Doom Patrol sort juste avant les X-Men et les deux équipes se ressemblent beaucoup. Il n'y a eu aucune influence directe mais Doom Patrol de DC était en revanche plutôt une réaction face au succès des Fantastic Four, ce qui explique le ton si proche de la Concurrence.

Âge de Bronze

partir des années 1970, DC commence à décliner, Marvel devient dominante et les X-Men écraseront pour toujours leurs concurrents (le seul personnage qui puisse rivaliser chez DC est Batman, en partie à cause des films). C'est là que DC va créer les New Titans comme réaction aux X-Men (et la Légion des Superhéros de cette période fut aussi un relatif succès). Curieusement, c'est aussi la période où Marvel s'amuse à faire parfois des imitations symétriques (Nova est une sorte de miroir chez Marvel d'une écriture typique de DC, avec une parodie de Green Lantern et Carmine Infantino aux dessins).

Âge récent

Si on fait un bond à notre épqoue récente, Marvel a su se revitaliser. Ses histoires arrivent à maintenir le carcan de la Continuité tout en cherchant des thèmes assez dramatiques ou originaux (avec Brian Bendis). DC, au contraire, ne cesse de créer de nouvelles histoires sur sa propre cosmologie, qui n'est plus un décor mais vraiment le thème essentiel de leur propre univers. Marvel ne ressent pas le même besoin de se rebooter tous les dix ans dans un quelconque Ragnarok (sauf pour certains personnages seulement). Geoff Johns, qui est l'auteur principal de DC et l'équivalent de Bendis dans son importance, s'est spécialisé dans une veine qui mélange un contenu très nostalgique (retour à l'Âge d'Argent dans certains thèmes) avec un peu de violence inutile pour "moderniser" cet élément.

Le Dieu de DC, la Nature de Marvel

Dans la "dépendance au sentier" de l'histoire de ces deux éditeurs, il y a un argument qui irait quand même en partie en faveur de la thèse initiale sur l'écart entre les deux : DC n'est pas nécessairement plus "à droite" mais est (et je pense que c'est durable) plus "théiste" que Marvel.

Marvel a fait de nombreuses histoires de SF assez athées où la vie humaine est un sous-produit d'extraterrestres et où il est clairement indiqué qu'il n'y a rien de plus que la Nature (Earth-Xétait allé jusqu'à dire que même les Asgardiens étaient en réalité des extra-terrestres qui n'avaient pas causé les mythes scandinaves mais avaient été au contraire parasités par des croyances préalables des humains). Une rare exception qui utilise le mythe judéo-chrétien est Mephisto et il gêne souvent Marvel, qui le réduit alors à une simple créature d'une autre dimension - mais on ne comprend pas alors à quoi lui servirait ses tentations. L'existence d'un Dieu est possible mais pas du tout nécessaire dans un tel cadre.

DC au contraire a eu quelques histoires qui insinuaient qu'il y avait un Créateur et qu'au moins une partie du mythe judéo-chrétien devait être vraie. Il y a eu des Anges dans les équipes et même si Dieu reste nécessairement un peu distant pour éviter le ridicule, sa présence se fait sentir (certes, quelques histoires plus Vertigoesques ont pris des points de vue plus hétérodoxes).

Et c'est un défaut du principe de "Continuité" des comics : on ne peut pas facilement revenir en arrière.

Add.
Via VfV dans les commentaires, cet article de Chris Sims : Pourquoi DC tente toujours de devenir comme Marvel depuis 45 ans, de manière assez contre-productive.

Wonder Woman 1-35 (2011-2014)

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Comme l'équipe Azzarello-Chiang part de Wonder Woman et que la nouvelle équipe du couple Finch arrive, j'ai failli écrire une recension plus globale mais heureusement, Internet est rationnel et l'a déjà fait bien mieux que ce que je voulais faire.

Je suis d'accord avec l'analyse : Brian Azzarello a réussi à rendre les dieux intéressants dans son approche érudite et décalée (notamment son Héra qui a eu un vrai Arc narratif entre la Méchante Sorcière du début et la Reine Vénérable de la fin). Mais il a - comme tant de scénaristes avant lui - échoué à rendre Wonder Woman intéressante, au point qu'elle n'apparaît pendans trois ans que comme un faire-valoir pour les mythes qui s'agitent autour d'elle. (Et en un sens, c'est un drame pour Superman et WW que les scénaristes semblent tellement s'ennuyer avec des héros trop purs qu'ils doivent se concentrer sur l'entourage des personnages secondaires).

Le fait que WW ait maintenant un père en Zeus est une grande rupture, qui rapproche plus WW d'une Athéna. D'habitude, WW était née par parthénogenèse comme le golem de Pandore - et Zeus avait même tenté de la séduire dans les années 1980. Il paraît que le prochain film de DC garderait cette innovation à la Percy Jackson.

WW est maintenant Déesse de la Guerre à la place d'Arès. C'est là encore une inversion car d'habitude, Arès était son pire ennemi, pas son mentor. Pendant la brève ère John Byrne, elle avait déjà été Déesse une fois, associée à la Vérité.

Enfin, l'Île des Amazones a rarement été aussi dystopique que dans cette version : au lieu d'être un paradis de femmes immortelles, elles y sont des sortes de sirènes qui violent des hommes pour mieux tuer ensuite les bébés mâles. Ce fut l'idée la plus marquante peut-être et on peut se demander si Azzarello n'était pas allé trop loin.

Je continue à penser que l'entourage de WW pendant l'ère Jimenez (le côté île volante pleine de centaures) ou à la rigueur de manière plus sobre pendant l'ère Rucka (avec Athéna en Hacker et un secrétaire minotaure qui s'appelait Ferdinand) était plus intéressante que ce qu'on a en ce moment. Mais là encore l'entourage risquait de servir à dissimuler WW elle-même.

Doom Patrol (1)

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Pourquoi la Doom Patrol ?


La Doom Patrol serait un groupe de superhéros sans doute très mineur et peu connu mais ils sont peut-être le premier cas où DC Comics avait tenté d'imiter clairement le style de Marvel en juin 1963. Les superhéros DC étaient ce mélange assez innocent de policier et de science-fiction (un conte pseudo-scientifique), ceux de Marvel avaient incorporé dans leurs nouveaux superhéros depuis 1961 deux nouveaux genres qui étaient surtout la nouvelle d'horreur sur des Monstres (Spiderman et The Thing) et un tout petit peu de romance à l'eau de rose (du soap opera mélodramatique dans la science fiction). De ce côté, la Doom Patrol ressemble à une parodie des Fantastic Four, un écho ou une transplantation du style de Marvel chez DC.

Pour ce printemps 1963 (la date de "juin" est sans doute post-datée d'un trimestre comme d'habitude), la Doom Patrol arrive parmi les premières équipes de l'Âge d'Argent : les Challengers of the Unknown (un des modèles des Fantastic Four et de la Doom Patrol) datent de février 1957, la Justice League of America est de novembre 1960, les Metal-Men (qui ont des héros robots, comme un des membres cyborg de la Patrouille) de mars 1962. Chez les concurrents de Marvel, il n'y a guère que les Fantastic Four qui datent de novembre 1961 et les Avengers n'arriveront que peu de temps après la Doom Patrol, en septembre1963 en même temps que les X-Men avec lesquels on va si souvent - non sans raison - les comparer.

La Doom Patrol eu de plus la particularité d'être un des rares groupes de superhéros à se faire tous tuer dans leur dernier numéro (dans ce qui ressemblait en plus presque à un suicide vraiment "altruiste" au sens premier, et non en un kamikaze). C'était au bout de seulement 5 ans (Doom Patrol #121, octobre 1968). Ils étaient tombés à "seulement" 100 000 exemplaires, ce qui passerait pour un énorme succès populaire dans nos critères actuels où les comic-books dépassent rarement les 30 000 exemplaires mais paraissait ridicule pour DC dans les années 1960. Ce trépas dramatique explique à la fois leur obscurité (ils furent un peu oubliés) et leur originalité (on se souvint surtout de leur évanescence qui justifiait rétroactivement leur nom).

Oh, certes, comme tous les personnages de comic books, ils ressuscitèrent au bout de quelques années (Robotman ne resta mort qu'environ 9 ans, je crois) mais demeurèrent dans des limbes comme un des rares deuils durables dans l'histoire des comics (la membre féminine, Elasti-Girl, ne revint quand même que 35 ans après et son décès fut longtemps un des tabous comme ceux de Bucky ou de Barry Allen - tous transgressés depuis).

La Nostalgie n'est plus ce qu'elle était

Le comic-book a engendré un sous-genre dans l'industrie de la Nostalgie et la Doom Patrol repose en partie sur un perpétuel regret mélancolique sur la possibilité de sa disparition. Tout récemment, l'auteur à la nostalgie si agressive Geoff Johns ne les a re-re-ressuscités dans Justice League #27 (2014) que pour massacrer à nouveau une partie de ce commando suicide, comme si toute leur fonction n'était de revenir que pour mourir ou pour rappeler le frisson de la finitude dans un monde de fantasmes de puissances.

Ils ont d'ailleurs réussi à instiller en moi comme lecteur un peu de cette "nostalgie" paradoxale pour un passé que je n'ai absolument pas connu, ou plutôt pour une possibilité de passé qui ne se serait produit que s'ils n'avaient pas disparu.Mais je dois dire que mon affection est plus due aux dessins de l'Italien Bruno Premiani, qui venait des comics de romance et qui savait donc intégrer un charme élégant assez désuet dans le superhéros, qu'aux scénarios mélodramatiques d'Arnold Drake.

L'Avant-Garde

Mais je plaisante.

La vraie raison de leur renommée n'a rien à voir avec leurs origines étranges des années 1960 mais avec une révision radicale de leur image quand ils furent finalement transformés dans les années 1990 avec les scénarios du Britannique Grant Morrison. C'est cette série qui servit, en même temps que Sandman, à définir ce qui allait devenir la collection pour adultes Vertigo chez DC Comics.

Morrison tentait de rivaliser dans les références de l'Avant-Garde du XXe siècle avec Alan Moore (le premier à mettre des collages de William Burroughs dans Watchmen) mais malgré tout le jeu parfois si ingénieux, le parcours de Morrison tend à me tomber des mains - même s'il faut reconnaître que ces ambitions démesurées furent historiquement importantes dans l'histoire du superhéros. Le romancier et théoricien John Barth distingue parfois le "modernisme" (comme tentative révolutionnaire d'innovation formelle) et le "post-modernisme" (comme tentative de subvertir la forme traditionnelle de manière ironique tout en gardant certaines structures traditionnelles).

Le Sandman de Neil Gaiman est délicieusement post-moderne, du fantastique très classique avec des jeux ironiques, alors que dans cette période, la Doom Patrol de Morrison a un côté d'hommage au Situationnisme parfois trop appuyé ou dérivatif, entre l'aspect illisible du modernisme expérimental et un aspect trop récupéré de la simple reprise post-moderne déjà "digérée" ou artificielle. Comme s'il répétait : "Regardez, c'est sérieux, je fais de la littérature".

We are all Doomed

Le nom du groupe me fait penser que ce mot "Doom" devait être assez vendeur dans les années 1960. En effet, ils sont apparus  dans My Greatest Adventure #80, juin 1963, qui auparavant était une anthologie d'histoires courtes de science-fiction, sans continuité, et ce magazine avait souvent eu ce même terme sur le titre ou sur la couverture comme symbole du suspense avant de se concentrer sur cette équipe de superhéros ; j'en compte près d'une vingtaine sur une douzaine d'années :
"I had a date with DOOM" (My Greatest Adventure #4, 1955), "I Fought the Clocks of DOOM!" (My Greatest Adventure #14, 1957), "I DOOMED the World!" (#17), "...or the whole solar system is DOOMED" et "We were DOOMED dy the Metal-Eating Monster" (My Greatest Adventure #21), "I Battled the DOOM from the Deep!" (#30), "We battled the hand of DOOM!" (#32), "I was bewitched by Lady DOOM" (#36), "I was a Prophet of DOOM" (#44), "We Were Prisoners Of The Sundial Of DOOM" (#46), "I Made a Deal with DOOM" (#51), "No matter who wins, I'm DOOMED!" (#53), "If I stay on Earth, I'm DOOMED!"(#69), "I Won The DOOM Castle" (#70), "The Mountain's Anger will DOOM us!" (#73) et dès le mois suivant "DOOM was my inheritance" (#74).

Manifestement, c'est un terme qui n'a pas d'équivalent direct car, malgré Chéri-Bibi, je ne pense pas que des Pulps français auraient fatalitas! aussi souvent.

Z idcirco Appius Claudius detestatur, quod Dentes Mortui, dum exprimitur, imitatur

En France, la Doom Patrol avait été traduite dans les petits titres en Noir & Blanc de chez Aredit-Artima parfois "Patrouille du Destin" (littéralement à peu près exact mais quand même assez curieux - "Patrouille Fatale" ne serait pas mieux) ou bien le plus souvent "Patrouille Z". Ce choix du Z leur donnait un statut encore plus marginal si on pense tout de suite à "série Z" (expression qui apparaît seulement deux ans avant, dès 1965 pour parler des films de Roger Corman). Mais j'ignore si cette connotation était déjà implicite (et non, je ne crois pas à une référence à Z comme Zorglub de 1959).

J'ai longtemps cru que cet ajout du "Z"était simplement un gag ou une allusion du traducteur qui voulait ironiser sur leur ressemblance avec le X des X-Men et accentuer la similitude. Mais c'est en fait assez douteux quand on regarde la chronologie.

C'est sous ce nom de Patrouille Z qu'ils apparaissent en français dans Spectre n°1 (avril 1967, traduction de Doom Patrol #89 d'août 1964). Les Uncanny X-Men créés en septembre 1963 (donc trois mois après la Doom Patrol) ne furent, eux, traduits en français que dans Strange n°1 (janviers 1970) et Arédit-Artima n'a donc nulle raison en 1967 de penser à critiquer cette concurrence des Mutants.

Et il ne faut pas faire d'anachronisme : c'est difficile à croire aujourd'hui où les X-Men sont le leader des ventes depuis plus de 40 ans mais les Mutants de cette période ne furent pas un succès populaire avant l'arrivée des New X-Men en 1975. Ils virent même leur série devenir bimestrielle puis s'arrêter faute de ventes (à partir du #66 de mars 1970) un peu plus d'un an après la Doom Patrol (mais sans un terme aussi fatal que nos Patrouilleurs). Et ironiquement juste à la disparition de la Doom Patrol, Marvel jugea bien de faire venir leur créateur Arnold Drake pour devenir le nouveau scénariste des X-Men pendant 8 numéros (Uncanny X-Men #47-54, datés d'août 1968 à mars 1969).

Ce qui dut accroître la confusion pour les lecteurs français est qu'Arédit-Artima publia une partie des VF dans Etranges Aventures où ils mélangeaient parfois des traductions de DC et de Marvel. Par exemple, les numéros 1-20 sont surtout du DC, puis 21-25 du Marvel, et les 26-27 (août 1972) sont consacrés à la Doom Patrol, puis le magazine revient vers Marvel pour les n°30-70 avant de finir son parcours à nouveau par du DC dans les derniers numéros, si bien qu'un lecteur devait ignorer l'éditeur américain.

Sur la Patrouille Z, voir cet article synthétique (tiens, Beast Boyétait traduit "Zoo Boy" - le Z est-il à cause de cela ?) et quelques extraits chez Artemus Dada.

Nemo de l'Avent (1)

Nemo de l'Avent (2)

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Little Nemo in Slumberland, 23 décembre 1906. On remarque que le Saint Nicolas est vêtu de bleu.
Ce doit être un des premiers épisodes où les parents de Nemo apparaissent à l'intérieur du rêve (mais cela devient assez habituel par la suite).


Sufficiently Advanced, 2e édition

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L'auteur Colin Fredericks vient de mettre en ligne la nouvelle édition de son jeu de rôle transhumain, Sufficiently Advanced. Le prix est "à votre guise" (comme ce que les Québecois appellent "donaciel", mais 8 euros sont préconisés, pour plus de 300 pages).

J'avais fait une recension de la première édition il y a 5 ans, où on jouait le Bureau des Brevets dans une société où la Rareté n'existe plus et où la seule richesse est donc la propriété intellectuelle. La nouvelle édition est un jeu sans aléatoire mais avec beaucoup plus d'options de jeu.

Nemo de l'Avent (3)

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Little Nemo in Slumberland, 16 décembre 1906. Flip est à cette époque suivi par une sorcière métamorphe (cette "Granny Hag" se fait passer pour une petite fille nommée "Rose" et elle lui joue des tours). La sorcière transforme ici un sapin en un Père Noël agressif qui ferait penser à un inquiétant Homme Vert. Son origine végétale justifie sans doute ici sa tenue verte - même s'il est faux de dire que c'est Coca-Cola qui a rendu le Père Noêl rouge, le rouge n'était en tout cas pas si dominant vers cette période.



Le calendrier pré-révolutionnaire de Sylvain Maréchal

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Pas de calendrier de l'Avent-Newton aujourd'hui. Hobbes est mort depuis 335 ans et c'est aussi le Jour de Hobbes dans le calendrier de S. Maréchal (le "4 Frédéric" est dédié à Isabelle de Castille dans la version positiviste).

Au tout début de l'année 1788 (qu'il appelait de manière prophétique "l'An I de la  Raison"), l'ex-bibliothécaire et poète radical Sylvain Maréchal (1750-1803) publie L'Almanach des Honnêtes Gens, un nouveau calendrier "profane" qui rationalise un peu les noms des mois romains (de manière plus simple que celui de Fabre d'Eglantine, en retirant simplement les cultes impériaux et en revenant aux formes anciennes de la République) et avec des noms de Grands Hommes à la place des Saints catholiques (un peu donc comme le calendrier positiviste d'Auguste Comte). En revanche, le calendrier n'est pas perpétuel et n'est donc pas aussi rationalisé que le modèle du Révérend Hugh Jones dans son Pancronometer de 1753.

Maréchal avait déjà été congédié de la Bibliothèque Mazarine pour un livre satirique sur la Bible. Le petit pamphlet sur le calendrier fut interdit dès le 9 janvier 1788, Sylvain Maréchal fut aussitôt emprisonné pour attaque contre la religion, en partie pour des noms comme ceux de Spinoza (24 Novembre). Il passa plusieurs mois à la prison de Saint-Lazare et ne retrouva la liberté qu'à la faveur des événements de 1789. La curieuse misogynie de Maréchal (il ne semble pas avoir fait uniquement dans l'ironie swiftienne quand il propose d'interdire l'instruction féminine) ne l'a pas empêché d'admettre quelques femmes comme Ninon de Lenclos.

L'année commence à nouveau en Mars et les noms des mois sont Princeps (Mars), Alter (Avril), Ter (Mai), Quartile (Juin), Quintile (Juillet), Sextile (Août), Septembre, Octobre, Novembre, Décembre, Undécembre (Janvier) et Ducodécembre (Février).

Le dernier jour des mois de 31 jours est une Fête du jour épagomène : Fête de l'Amour (31 Princeps), Fête de l'Hyménée (31 Ter), Fête de la Reconnaissance (31 Sextile), Fête de l'Amitié (31 Décembre), Fête des Grands Hommes (31 Undécembre).

Voici les jours du mois de décembre (certaines références de 1788 sont devenues assez obscures et on constate des préférences très anglophiles) :

1 Germanicus
2 Crillon
3 Perse
4 Hobbes
5 Machiavel
6 Cicéron
7 Algernon Sidney
8 Horace
9 Milton
10 Lamoignon (s'agit-il de Malesherbes, qui ne mourut que 6 ans après, ou plutôt d'un de ses ancêtres magistrats ?)
11 Sully
12 Collins
13 Henri IV
14 Gellert
15 Tycho Brahé
16 Quesnay
17 Wood
18 Prior
19 Gay
20 Ambroise Paré
21 Racine
22 Baron (je n'ai pas identifié la référence)
23 Sénèque
24 Gama
25 Jésus Christ ou Newton
26 Helvétius
27 Kepler
28 Caton
29 Wiclef
30 Maréchal de Brissac
31 Swift, Boerhaave

Nemo de l'Avent (4)

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Little Nemo in Slumberland, 12 décembre 1907.
Nemo, Flip et Impy ont grossi après avoir dévoré l'encre des cases pendant Thanksgiving. Tout le Slumberland est fermé par ordre du Roi Morphée et Nemo se retrouve devant des portes closes et des palais abandonnés parce que tout le monde est parti chercher Nemo justement (les cauchemars de Nemo reposent toujours sur cette frustration où il est empêché de rejoindre la Princesse). Saint Nicolas passe en cherchant Nemo car les fêtes de Noël sont annulées au Pays du Sommeil tant qu'il ne sera pas retrouvé.

Oui, Impy utilise comme interjection "Google" dans la case 3...

(cliquez sur l'image pour voir le côté droit)


Nemo de l'Avent (5)

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Little Nemo, 22 décembre 1907, cases 1-4.
Ce fantasme d'abondance où le Père Noël perd ses cadeaux qui se dispersent par terre est assez fréquent dans cette série.


Nemo de l'Avent (6)

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Little Nemo, 22 décembre 1907. Au moment où cette bd paraît, Lénine part en exil de Russie et ne reviendra que 10 ans après...

Et puisqu'on parle de Calendriers de l'Avent, celui des Belles Lettres est assez amusant.


Doom Patrol (2) : My Greatest Adventure #80

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Une des traditions les plus constantes de ce blog est de commencer des séries sans jamais les finir (comme ce calendrier de l'Avent !). Je préviens donc que ma médaille (d'argent) en procrastination aux championnats internationaux m'empêcheront sans doute de faire durer longtemps cette autre série... mais je commence quand même.
Add. Je vois aujourd'hui que quelqu'un a déjà fait un long index. Il y a aussi ces recensions.

Le prologueétait le mois dernier.



My Greatest Adventure #80, daté de juin 1963
Scénario : Arnold Drake et Bob Haney
Dessins : Bruno Premiani

L'histoire du premier épisode de la Doom Patrol a déjà été raconté tant de fois que je vais la résumer très vite. My Greatest Adventureétait une série d'anthologies de science-fiction qui avait commencé huit ans avant, en 1955. Le titre était fondé sur un gimmick qui était des récits censés être à la première personne, même si le réalisme des premiers numéros avait vite été abandonné pour rejoindre d'autres séries de sf de DC Comics comme Strange Adventures (1950-1973) ou Mystery in Space (1951-1966).

L'éditeur du magazine Murray Boltinoff (1911-1994) voyait les ventes de ce titre décliner et tente une expérience de la dernière chance en transformant My Greatest Adventure en un support pour une équipe de superhéros. Il commentera d'ailleurs que l'obscurité de ce titre avait permis de laisser plus de liberté aux créateurs.

Quatuor Fatal / Fantastique

L'originalité de cette équipe créée par Arnold Drake (1924-2007) et de Giordano Bruno Premiani (1907-1984) va être de rivaliser chez DC Comics avec les nouveaux Fantastic Four de Marvel Comics qui venaient d'apparaître en novembre 1961. Au moment où paraît la Doom Patrol, Stan Lee (1922-) et Jack Kirby (1917-1994) ont déjà sorti quinze numéros environ et les Quatre Fantastiques ont déjà affronté par exemple l'Homme-Taupe, les Skrulls, Dr Doom, le Submariner, le Puppet-Master ou le Fantôme Rouge.

Arnold Drake - qui est de la même génération que Stan Lee et avait une longue expérience chez DC - imite clairement (avec son co-scénariste de ce premier épisode Bob Haney) les FF. Cela ne l'empêchera pas d'insinuer parfois que les X-Men de Lee et Kirby avaient pu imiter sa Doom Patrol. Voilà quelques analogies directes, qui sont finalement plus nombreuses que les quelques coïncidences avec les X-Men :

(1) Ses héros n'ont pas d'identité secrète (ce qui était unique, j'imagine, chez DC) et ils portent un uniforme (même si on peut toujours dire que la source commune de leur uniforme est les Challengers of the Unknown, créés par Jack Kirby chez DC en 1957).

(d'après l'Index Doom Patrol)

(2) Il y a 4 membres, si on compte le Chef. Mais les équipes de l'Âge d'Argent s'arrêtaient souvent à un tel nombre.

(3) Leurs rapports en font une sorte de "famille" particulière, ce qui n'est pas le cas de la Justice League mais est vrai aussi des Metal Men qui viennent aussi d'apparaître. Ils ne cessent de se disputer à une époque où cela n'arrivait pas vraiment dans les titres de DC.

(4) Ses héros sont dirigés par un homme génial, Chief, qui joue donc le rôle de Mr Fantastic, même s'il n'a pas de pouvoirs (il fabriquera par la suite une chaise roulante pleine de gadgets et même pendant un épisode un corps cyborg). C'est sa demeure qui va servir de Quartier-Général à l'équipe (de même que le Baxter Building dépend des brevets de Mr Fantastic).

(5) Il y a une seule femme parmi les 4, comme Invisible Girl chez les FF, notre chère Elasti-Girl, . Cependant, il y a un déplacement dans le parallèle : son pouvoir ferait penser à celui de Mr Fantastic mais elle peut seulement croître ou miniaturiser ses membres, Rita Farr n'atteint pas la plasticité de Reed Richards. En fait, son pouvoir en fait plutôt le vrai "Tank" du groupe, la plus forte physiquement, plus encore que Robotman, et donc plus un équivalent de la Chose par ses pouvoirs. Par la suite, elle va progressivement jouer le rôle de la "Mère" de l'équipe tout comme Susan Storm - mais les membres mâles semblent accepter assez vite qu'elle ne sera pas un partenaire de flirt, surtout quand elle va finir marié avec un homme extérieur au groupe initial, Mento.

(6) Negative Man est un homme qui peut projeter une forme énergétique qui vole, ce qui en ferait un équivalent de la Torche Humaine (même si le fait qu'il soit un astronaute pourrait encore faire penser à Benjamin Grimm).

(7) Robotman souffre sans cesse d'avoir perdu son humanité et il souhaiterait perdre ce qui le rend surhumain, ce qui en ferait donc l'équivalent de la Chose (et il est de couleur orange comme Ben Grimm !). Le Chef est responsable de l'opération chirurgicale qui l'a sauvé en en faisant un cyborg, alors que Reed Richards culpabilise d'être la cause de l'accident qui a transformé la Chose.

(8) Le passé du Chef est directement relié avec l'archi-ennemi de l'équipe, le Général Immortus, de même que Reed Richards avait fait ses études avec le jeune Doctor Doom.


Midway, la Cité Liminale



La ville de la Doom Patrol n'est jamais mentionnée dans ce premier épisode ("in a bustling city") mais on apprendra bien plus tard qu'ils vivent en fait à "Midway City".

On l'a oublié mais les Quatre Fantastiques au début faillirent vivre dans une ville imaginaire nommée Central City (sans lien avec celle de DC). La première Torche Humaine des années 1940 y avait vécu et Stan Lee fit allusion à cette ville dans les premiers épisodes avant de placer plus clairement le Baxter Building à New York City seulement à partir de Fantastic Four #4 (mai 1962). Elle semble être en gros sur la Côte Ouest (certains scénaristes s'amuseront ensuite à la réintroduire alors que Stan Lee avait affirmé rétroactivement que les FF avaient toujoursété à NYC).

DC a gardé une tradition des villes imaginaires que n'a pas vraiment suivi Marvel. Superman a Metropolis (New York), Batman a Gotham City (New York), Flash a Central City/Keystone City (située de manière vague vers l'Ohio puis vers le Missouri/Kansas), Green Lantern a Coast City (qui a l'air d'être en gros San Francisco, Calif.), Green Arrow a Star City (la plus vague de toutes, qui a varié de la Côte ouest à la Côte est ou aux Grands Lacs, le consensus actuel est de la mettre pas très loin plutôt en Californie aussi) et Hawkman avait Midway City. Il existe de très, très nombreuses Midway City réelles mais la Midway City fictive semblait en gros être Chicago, Illinois - même si la localisation actuelle l'a mise bien plus au nord du Lac Michigan, à la frontière canadienne et près du Lac Supérieur.

Malgré le fait que la Doom Patrol et Hawkman partagent la même ville, ils n'ont à ma connaissance pas eu de cross-over (la Doom Patrol n'ayant guère rencontré que les Challengers of the Unknown ou les Teen Titans vers cette période).

Le QG de The Chief est une sorte d'Hôtel particulier (avant que les Vengeurs n'apparaissent dans le Manoir Stark) et on apprendra plus tard (avec un Plan, Doom Patrol #98, septembre 1965) que Le Chef possède plusieurs étages souterrains qui vont en dessous du Métro de cette ville.

Analyse rapide

L'histoire de ce n°80 fait 25 pages. Les 12 premières donnent les origines des trois membres et une première démonstration de leurs pouvoirs. les 13 pages suivantes montrent un combat contre le Général Immortus et se termine avec un article de journal qui les appelle la Doom Patrol, ce qui choisit leur nom assez sinistre à leur place (mais le Chef a l'air enthousiaste).

"Les Héros Les Plus Etranges du Monde" portent l'uniforme vert qu'ils garderont jusqu'au numéro 89. Le "Chef" (qui ne révélera son origine que dans le n°88) prétend ici leur donner un but alors qu'ils se sentent tous exclus ou marginalisés en étant devenus des "bêtes de foire" (Freaks) après chacun de leurs accidents : l'astronaute Larry Trainor a été profondément irradié et ne peut se passer de bandages ("Negative Man"), le pilote de course Cliff Steele a perdu tout son corps et vit désormais dans une enveloppe robotique (après avoir été opéré par le Chef) et l'actrice Rita Farr a été transformée en plein tournage en une femme qui peut devenir gigantesque (et même si cela n'a rien de permanent, elle n'a aucun espoir de dissimuler au public sa mutation).

Elasti-Girl a encore des cheveux longs qu'elle gardera jusqu'au n° 83 et un air plus vamp, moins innocent que par la suite. Son nom de "Rita Farr" est-il une allusion à Rita Hayworth ainsi qu'à la moins connue Patricia Farr ? Elasti-Girl a été moins violemment touchée par sa transformation que les deux autres, elle n'est pas défigurée - c'est pourquoi dans une version très récente chez Geoff Johns, sa transformation a figé les traits de son visage de manière inquiétante pour qu'elle ait des raisons d'être presque aussi irritée que Larry et Cliff.

Robotman s'appelle encore "Automaton" dans ce premier épisode mais son surnom va vite remplacer ce terme maladroit (Robotman était déjà le nom d'un autre héros de DC Comics dans les années 1940, qui était aussi un cyborg). Presque à chaque numéro et sur chaque couverture, Robotman a une tendance à perdre son corps qui se fait réparer à la fin. L'imagerie de ces "Héros Les Plus Etranges" (selon le slogan souvent répété) insiste donc souvent sur des sévices sur les corps, entre celui de métal qui est souvent mis en morceaux ou l'ombre énergétique de Negative Man qui tend à se disperser (Elasti-Girl est généralement la seule qui échappe à ces manipulations si ce n'est lorsqu'elle étend seulement certains membres).

Le visage du Général Immortus, en vieille momie fripée, est plus inquiétant ici que par la suite où il me semble devenir un vieillard plus générique. On ignorera toujours son âge réel mais il semble pouvoir rivaliser avec Vandal Savage - avec moins de succès politiques que ce dernier.

Les auteurs
A noter : l'édition DC Archives n'a pas repris une brève présentation des auteurs du magazine (p. 22). On dit souvent que DC faisait l'erreur de ne pas assez nommer ses auteurs (contrairement à Stan Lee chez Marvel qui créa une sorte de star system dans ses comics) mais on voit bien ici que DC avait commencé à mieux les valoriser symboliquement.

L'illustrateur Bruno Premiani est à mes yeux la principale star de ce titre (même si certains scénarios d'Arnold Drake n'ont pas si mal vieilli pour des histoires des années 1960, bien qu'il n'ait pas autant d'humour que Stan Lee). Ancien ingénieur devenu dessinateur, anti-fasciste, il avait fui l'Italie en 1930 (à 23 ans) pour l'Argentine puis la dictature péroniste pour les USA en 1948 (à 41 ans).

Arnold Drake en parle comme d'un homme de gauche exilé qui semblait se sentir assez mal à l'aise dans les USA des années 1950 : Drake lui aurait conseillé avec ironie de ne pas critiquer le McCarthysme car "il ne lui restait plus beaucoup de pays pour l'accueillir désormais".

Il est dommage que Premiani n'ait pas eu une carrière plus étendue. Son réalisme assez peu dynamique en comparaison du style de Marvel augmente le décalage de cette histoire fantastique alors que Jack Kirby, au contraire, a une tendance dans son maniérisme plus baroque, à tout rendre irréel, même le quotidien. Il dessine parfois Elasti-Girl de manière si sexy que je me demande s'il ne joue pas consciemment dans certaines cases avec les limites de cette bd pour enfants (même si cela reste très "sage").

Par la suite, c'est aussi Bruno Premiani qui va dessiner les premiers épisodes des Teen Titans. Je ne sais si cela explique les liens entre les deux séries où la Doom Patrol servira de groupe périphérique pour les Jeunes Titans.
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